Ethique des concerts de musique électronique
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Yo !
Alors, je serais curieux d'avoir votre avis sur un sujet qui est lié particulièrement à la musique électronique (c'est extensible aux DJ aussi). J'ai mis un titre un peu click bait... Désolé.
Pour vous expliquer : j'ai appris la musique avec des instruments acoustiques et j'ai d'abord joué en groupe (dans des groupes de rock classique). Je suis venu à la MAO vers 2009 et j'ai commencé à faire des lives de musique électronique assez récemment.
Perso, en tant que spectateur, j'en n'ai absolument rien à cirer que le spectacle offert par un musicien électronique soit peu visuel ou peu attrayant. Et je trouve ça aussi intéressant de regarder un mec faire de la musique sur un modulaire de 50 kg qui fait des jolies lumières, qui fait blip bloop et qu'il s'est emmerdé à trimballer que de voir un gars comme Merzbow assis derrière son laptop qui a l'air de répondre à ses mails. Et d'ailleurs, en tant que spectateur, j'aime bien qu'il y ait un truc décorrélé entre ce que j'entends et ce que je vois. J'aime bien aussi que la musique électronique ne soit pas figée par les codes du rock et que les musiciens ne soient pas en train de faire semblant d'être Led Zeppelin (mention spéciale tout de même à Basinski qui a des fringues incroyables).
Mais alors c'est un peu le paradoxe... En tant que musicien quand je fais de la musique électronique, j'aime bien... jouer des instruments (dans le sens où j'aime bien lancer mes trucs à la main, prendre le risque que ça se décale, qu'il y ait une dimension assez corporelle au concert). En fait, c'est un peu bizarre, mais si tout était parfaitement calé et que je n'avais plus qu'à faire "play" et à tweaker des boutons, j'aurai l'impression d'être inutile et l'impression... d'être une sorte de menteur. Du coup, je me fais des nœuds au cerveau pour toujours lancer mes samples à la main tout en manipulant Nanoloop avec mon autre main. En gros, je rends mes concerts de musique électronique aussi potentiellement foirables que quand je fais de la guitare.
Dans l'incroyable documentaire Who Killed the KLF, on y voit les musiciens expliquer qu'ils s'emmerdaient à ramener tout leur bordel dans les concerts et que c'était toujours un peu foireux et qu'un jour, ils se sont juste contentés de ramener leur DAT et de balancer ça comme ça. Alors, ils avaient moins de choses à faire, mais c'était bien plus carré.
Vous vous placez comment là-dessus vous ? Vous avez un avis sur la question ?
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Yop ah oui, drôle de paradoxe entre ton point de vue de spectateur et ton point de vue de performer live.
je pense que ton envie de triturer tes machines et de te concentrer sur ton set up et peut être un moyen de ne pas avoir une confrontation frontale aux auditeurs. ça te permet peut etre de les oublier ....
j ai du mal avec les sets ou les gars ne font que lancer des séquences sur leurs computes, je préfère des set comme ton approche avec de la prise de risque quitte à faire des pains ....je suis convaincu que peu importe la manière et le style au final, je suis toujours admiratif des artistes qui vont partager leur créa devant un public.

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Oui en effet, un beau paradoxe humain.
En tant que spectateur, j'ai besoin de sentir la prise de risque. Je viens voir un spectacle vivant, une énergie qui se libère sous mes yeux et qui peut interagir avec celle du public. Et en effet, la glissade à un fil de cheveu rend le moment encore plus beau, unique.
Il y a aussi que je risque de m'ennuyer si je n'ai pas des humains à regarder qui se démènent. A moins que la musique m'embarque tout le temps au point de fermer les yeux pendant tout le concert, j'ai vraiment besoin d'une dimension scénique.En tant que musicien qui ne fait pas de scène, je suppose que comme toi je me sentirai un peu comme un imposteur si je "jouais" en lançant uniquement des séquences toutes faites, comme les chanteurs de playback. Mais je ne fais pas de scène alors mon avis est fantasmé.
Enchainer et alterner les séquences à un rythme frénétique peut être ok sinon. Le séquenceur devenant un véritable instrument et la prise de risque existant alors. -
En tant que dj, j'ai réglé le problème en ne faisant jamais de playlist. Je dois me démmerder avec les 40k de fichiers et mes +1000 vinyls. C'est stimulant sur scène comme à la maison.
Pour le live, à chacun de trouver sa voie au travers toutes les contraintes que les machines et le public imposent. Si tu n'as pas de public, pas de discographie reconnue par tout le monde qui fera qu'on te pardonnera un live pas terrible au seul motif de ta discographie passée alors l'idéal c'est de ne pas faire de live seul.